Souviens-toi
« Try to remember when life was so tender »,
n'oublie pas que je vivais là mes plus belles années.
Carte noire de mes désirs, café de nos amours, chanson du temps yé-yé, souviens-toi du petit troubadour qui griffonnait sur un bout de papier, des mots en cascade, des mots plein de soleil, des mots en forme de cœur, des mots pour cueillir la fraîcheur de tes quinze ans.
« Try to remember when I was a lover »,
n'oublie pas que je vivais là mes plus tendres années.
Amante de mes désirs, femme de mes amours, souviens-toi du petit baladin qui dessinait sur un bout de papier, des notes en cascade, des notes pleines de chaleur, des notes en forme de fleur, des notes pour embrasser la douceur de tes vingt ans.
Graine de troubadour, graine de baladin, sont maintenant le fruit de nos étreintes.
Mots en forme de cœur, notes en forme de fleur, emplissent ces pages d'une folle passion.
Souviens-toi du temps passé, souviens-toi de ces années, souviens-toi de mon amour.
Écoute à chaque instant ma voix dans cette nuit de novembre.
Écoute cette musique qui illumine le soir comme un feu de Bengale.
Écoute ces tambours de roi qui résonnent dans le brouillard de mai.
Souviens-toi de mes mots, souviens-toi de tout, mais surtout souviens-toi de moi.
Le temps
Selon Saint Augustin, on ne saurait admettre ces trois temps :
le passé, le présent et le futur, mais on pourrait dire avec vérité qu'il existe :
1. le présent du passé,
2. le présent du présent,
3. le présent de l'avenir,
car ce triple mode de présence existe dans l'esprit.
Le présent du passé, c'est la mémoire,
le présent du présent, c'est l'attention actuelle,
le présent de l'avenir, c'est son attente.
La photographie adresse le présent du passé car elle immortalise le présent du présent en nous restituant au fil du temps des images et au travers de ces images un bon nombre de sensations que « vivait la conscience au gré de son humeur » (Bergson).
Par un choix judicieux des mots, la poésie a le pouvoir de nous projeter vers l'avenir en décrivant notre attente telle que nous l'imaginons ou telle que nous pourrions l'imaginer, mais elle a aussi la capacité de nous restituer le passé et ses sensations fortuites.
Comment résister à l'utilisation de cette alchimie qui nous permet de défier le passé, le présent et le futur en décrivant ce qu'était notre mémoire, ce qu'est notre attention actuelle et ce que sera notre attente.
Paroles et musique
La parole est une série de mots qui fait partie du langage et qui nous permet de communiquer. Si cette série de mots devient mesurée et cadencée selon certaines règles, elle constitue alors une unité rythmique caractérisée par une utilisation harmonieuse des sons : la poésie.
– Selon William Shakespeare, « la poésie est cette musique que tout homme porte en soi ».
– Selon Pietro Verri (la réflexion du « CAFFÈ » (1764-1766) sur la musique par Raymond Abbrugiati), « la musique selon moi est semblable à une série de mots qui, bien déclamés, seraient propres à éveiller les sentiments de notre âme ».
La poésie serait de la musique et la musique serait de la poésie. Poésie et musique seraient donc indissociables, le langage des mots tout comme le langage des notes serviraient à élever nos passions, nos sentiments de tendresse, d'audace, de compassion ou d'orgueil.
On peut alors comprendre parfaitement que certains poètes cherchent à mettre en musique leurs mots et que certains musiciens cherchent à donner une signification écrite de leur musique. « Paroles et musique » appartient au monde privilégié des auteurs-compositeurs, les textes classés dans cette rubrique sont partie intégrante de mélodies, leur simplisme n'enlève rien de ce qu'ils peuvent éveiller en nous.